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Les poux de mer et les pesticides: une guerre chimique menée dans les enclos à filets ouverts

Sea lice on a smolt

Naturellement, les parasites sont présents dans l’environnement mais le danger en confinant en grand nombre de saumon en enclos pour une longue période de temps est que ça permet la création d’un environnement propice à la multiplication et à la propagation du pou de mer. Les courants marins aident à la dispersion des oeufs de pou d’un enclos à l’autre et aussi dans l’environnement. Plusieurs de ces fermes d’élevage sont situées dans des zones abritées côtières qui sont une partie importante de la route migratoire des saumons sauvages. Ces fermes pertubent le cycle naturel en augmentant le risque d’infection par le pou de mer des saumons juvéniles sauvages qui migrent de leurs rivières natales à l’océan. Les parasites peuvent affaiblir le système immunitaire du poisson et risquent de l’infecter et de le rendre malade.

Une recherche par la Dalhousie University montre que le niveau de poux de mer chez les populations de saumons et de truites sauvages est plus élevé quand il y a des fermes d’élevage à proximité. Cette recherche souligne également que la population de poissons sauvages décline plus rapidement près des zones d’élevage.

(voir la carte sur les poux de mer du saumon Kéta et du saumon rose du Pacifique)

Les poux de mer sont présents à l’état naturel chez les saumons adultes sauvages qui, par leur taille, résistent mieux à un risque d’infestation. Tandis que les juvéniles qui pèsent souvent moins d’un gramme, et donc plus vulnérables, risquent de succomber aux infestations parasitaires provenant des fermes d’élevage durant leur migration vers l’océan.

Une façon de contrôler ces infestations de poux est d’utiliser des parasiticides. Toutefois, en utilisant des parasiticides, on court le risque de développer une résistance chez le pou et d’amoindrir l'efficacité de ces parasiticides comme c’est le cas dans les élevages de la côte Est. Forçant ainsi les éleveurs à utiliser des produits chimiques beaucoup plus puissants mais aussi plus toxiques autant pour les poux de mer que pour les autres crustacés comme homard, crabe et crevette.

Les pertes encourues par les ferme d’élevages dues aux infestations de poux résistants au traitement conventionnel sont parfois très lourdes; par exemple, Cooke Aquaculture a admis au journal La Presse avoir perdu plus de 500,000 de ses saumons dans ces circonstances. En 2010, le directeur d’aquaculture du Ministère des Pêches et Océans mentionne à Living Oceans Society que les fermes d’élevage de la baie de Fundy enregistraient un nombre remarquable de poux, entre 200 et 300 par poisson, assez pour être manger vivant!  Durant la même période, une hausse de la mortalité chez les homards de la baie entraîne une analyse détaillée des spécimens morts. Les résultats montrent la présence de cyperméthrine; un traitement chimique contre les poux de mer interdit au Canada. La même année, Environnement Canada commence à enquêter sur l’utilisation de produits chimiques illégaux par Cooke Aquaculture et, en novembre 2011, incrimine le président de la compagnie et deux directeurs de 11 chefs d’accusation se retrouvant sous la section 36 de la loi sur les pêches – section sur les substances nocives que l’on rejette dans les eaux habitées par les poissons. Un an plus tard, c’est toujours devant le tribunal.

L’industrie de la pisciculture de la côte Est, en collaboration avec le ministère des Pêches et Océans, teste de nouveaux parasiticides (AlphaMax™) contenant des produits chimiques hautement toxiques (par exemple la deltaméthrine) pour mieux contrôler ces infestations.

Living Oceans Society et ses partenaires de la CAAR (Coastal Alliance for Aquaculture Reform) se sont alliés avec l’ACAR (Atlantic Coalition for Aquaculture Reform) et les associations de pêcheurs de la côte Est afin de faire pression sur le Ministère des Pêches et Océans pour qu’il reconsidère son élaboration de projet de loi sur le traitement d’organismes aquatiques nuisibles et d’agents pathogènes. Ce qui résulterait en l’utilisation d’une variété plus grande de parasiticides toxiques par les éleveurs de saumon en enclos ouverts.